Berdaguer & Péjus

Sensibles aux contre-utopies des architectes et designers radicaux italiens, Berdaguer & Péjus prennent le contre-pied d’une architecture normative au profit d’une conception induite par les comportements et la psychologie humaine. Dès 1997, ils conçoivent un ensemble de huit projets d’habitations amenées à s’autodétruire en fonction de l’état de santé de leur propriétaire. La domotique s’est depuis largement développée enracinant un peu plus cette idée de co-dépendance avec l’usager.

Les paysages psychiques créés intègrent des modifications comportementales, dues à des troubles psychologiques, à l’absorption de substances chimiques ou à l’intervention de stimuli sur nos sens, en détournant les normes du discours clinique. Ainsi, à travers les liens générés entre espace environnant et états de conscience, les artistes réalisent des projets parlant d’un corps, qu’il soit individuel ou socialisé, humain, végétal, animal ou minéral, soumis à divers processus de transformation. Berdaguer & Péjus transposent et mettent en forme des expérimentations parfois invisibles à l’œil nu ou vécues à notre insu, qui questionnent une manière d’être au monde. La matérialité donnée à leurs projets conduit paradoxalement à une sensation d’irréalité, à une présence flottante.