Que vous inspire le magasin Homme des Galeries Lafayette Paris Haussmann ?
Le magasin est une véritable institution : un lieu privé mais aussi presque un lieu public, un lieu de passage, avec ce boulevard des grands magasins. Ce que je trouve très intéressant, c’est sa spécificité d’être lié au réseau de transports. Le fait qu’on puisse y accéder et rentrer à l’intérieur directement par le RER est très intéressant d’un point de vue sociologique et architectural.
Comment vous êtes-vous approprié l’espace pour y installer cette œuvre ?
L’Atrium des Galeries Lafayette Homme avec ses escalators était un espace de transition tout désigné, presque neutre, un lieu bien ancré dans le réel. Et c’est justement ce que j’aime, quand l’art se confronte au monde réel.
En quoi l’interaction entre l’œuvre et le public est importante ?
Aujourd’hui, nous vivons entourés d’écrans. Ils sont partout dans notre vie quotidienne. L’idée n’était donc pas d’imaginer simplement un écran supplémentaire. L’œuvre vit avec le public, c’est un éclairage pour le visiteur, sa lumière est changeante. Cela donne un aspect onirique au lieu et reflète le ballet des gens qui montent et qui descendent dans les escalators. L’œuvre permet de jouer sur l’environnement général et crée de l’abstraction à partir de ces mouvements de passage.
Vous avez décliné une œuvre imaginée depuis quinze ans, en quoi ce projet est-il nouveau ?
C’est un projet important sur lequel je travaille depuis quatre ans. Il s’agissait de remettre à jour, de prolonger une œuvre imaginée pour la première fois en 2001. Au niveau technologique, cette Light Machine fonctionnait au départ avec des ampoules à filament. Aujourd’hui, les ampoules sont à LED, la couleur est moins chaleureuse et le temps d’allumage trop rapide. Il a donc fallu adapter d’un point de vue technologique ces nouvelles données pour recréer le même résultat.
Vous avez déjà exposé à la Galerie des Galeries en 2014, en quoi cette nouvelle collaboration avec les Galeries Lafayette vous a-t-elle séduite ?
Guillaume Houzé est un ami et je sais combien il est engagé depuis longtemps dans l’ouverture de la pratique artistique au sein des Galeries Lafayette. De mon côté, j’étais donc totalement en confiance pour faire un pas supplémentaire avec lui dans cette nouvelle collaboration de plus grande ampleur.
Appréhendez-vous la réaction du public ?
Si mon œuvre pouvait se fondre dans le paysage, et devenir un point de repère pour les passants et les touristes, ce serait déjà formidable. Pour moi le succès d’une œuvre réside dans sa capacité à s’intégrer à son environnement. Je ne veux pas d’une œuvre qu’on ne pourrait comprendre qu’avec un certain bagage culturel. Donc, si la réaction du public sera « rendez-vous à côté du mur lumineux avec des ampoules », ça me va ! Et puis, un simple contact visuel peut suffire pour susciter une émotion. De plus, je ne maîtrise pas la vie de l’œuvre une fois qu’elle sera installée, et heureusement.
Entretien réalisé en 2016.